Une interview de Felix MOTOT, Chef de Produit Visiopulse / Kisio
Texte
Le partage de l’espace public entre les différents modes fait polémique. Les campagnes municipales ont été plus que jamais animées par cette problématique centrale de la répartition de la voirie entre les différents types d’usagers. Le consensus reste complexe à trouver, aussi bien dans les contextes urbains que péri-urbains et ruraux. A Paris, bien que la tendance actuelle soit plutôt pour un rééquilibrage en faveur des piétons, les controverses autour de la piétonisation des voies sur berges, ou encore sur l’avenir du périphérique illustrent bien ces tensions.
Jusque-là, nous nous intéressions trop peu aux micro-déplacements (le trajet pour aller chercher son pain au coin de la rue, celui pour aller vers son arrêt de bus, …).
Depuis plusieurs mois, nous exploitons des traces GPS, collectées par le biais d’applications installées sur les smartphones (après recueil du consentement de l’utilisateur), pour reconstituer les flux de déplacements.
Le niveau de précision extrêmement fin de ce type de données permettent justement d’observer ces déplacements courts. En croisant ces données de déplacements et les données cartographiques, nous pouvons identifier les rues, places, abords de gare, (etc.) dans lesquels la circulation piétonne est difficile.
Notre méthodologie permet aux autorités publiques d’identifier les zones saturées en fonction de l’heure de la journée, les variations de fréquentation des espaces piétons entre les différents jours de la semaine, et le degré d’appropriation de nouveaux espaces récemment piétonnisés.
Nous pouvons aussi les corréler à des événements ou des effets météo afin d’évaluer leurs impacts, ou encore suivre les évolutions dans le temps (avant et après confinement ; périodes scolaires/périodes touristiques).
On parle beaucoup des conversions de modes du véhicule individuel vers le transport en commun ou le vélo, qui a le vent en poupe en ce moment. La marche à pied est souvent la grande oubliée des politiques de mobilités, alors qu’elle reste le mode de déplacement le moins nuisible, que ce soit en termes d’occupation de l’espace, de sécurité, ou d’environnement. C’était donc une réelle satisfaction de pouvoir contribuer à ces études qui mettent en avant la marche.