01 février 2021 – 3 minutes de lecture
KISIO – Emilie Molino

Regards croisés SMMAG / Région Sud : confiants?

 

Regards croisés SMMAG / Région Sud : confiants?

 

Pour ce premier « regards croisés » de 2021, place à deux experts de la mobilité territoriale !

 

Nous avons nommé Samuel Cado, responsable du service Management de la mobilité et de l’information multimodale à la Métropole de Grenoble et au Syndicat Mixte des Mobilités de l’Aire Grenobloise (SMMAG) et Grégory Vendeville, Directeur Transport de la région Sud.  

Mise en bouche avec le « Portrait multimodal » de chacun d’eux ! 

Pour Samuel, le VLS, c’est à la cool ; en revanche attendre seul un bus à minuit l’est beaucoup moins !  Il aime l’effet de surprise du covoiturage. Quant au fait de prendre les transports publics à l’étranger … « la première fois, c’est compliqué ! ». Ce qui lui donne le sourire ? les traits d’humour du conducteur du tram ou du bus. 

Grégory, quant à lui, a senti le vent de l’innovation la première fois qu’il a un VLS. Si l’idée d’attendre un bus en pleine nuit ne le rassure pas, la perspective d’un co-voiturage entre collègues le réjouit. Il apprécie le goût « exotique » des transports en commun à l’étranger. Et quand un conducteur de métro fait de l’humour, ça le met tout de suite en confiance. 

Raconte-nous …

… ton meilleur souvenir lors d’un trajet ?

SC : C’était lors d’un co-voiturage entre Lyon et Grenoble, nous étions 4. Nous avons parlé pendant une heure de couscous, chacun y allant de ses arguments pour dire que le couscous de son pays était le meilleur. Je n’ai pas vu le temps passer, je me suis régalé !

GV : C’était en Tunisie, nous étions 8 dans un break de 5 places (oui, je sais c’est mal !). J’ai parcouru 200 km à l’arrière. Ce fut assez épique et vraiment pas confortable mais cela reste un très bon souvenir car j’étais en totale confiance.

Et ton pire souvenir ?

SC : C’était parti pour être une vraie galère mais cela s’est transformé en bon souvenir. C’était un dimanche soir, je rentrais de Bretagne en TGV. Il s’est retrouvé bloqué à Angers, il n’y avait plus d’autres de train.  La SNCF nous proposait un train pour y dormir  … Inutile de dire que ça ne m’emballait pas !

On s’est tous mis à échanger dans la rame, les uns exprimant leurs besoins et les autres proposant de l’aide. C’est comme cela que je me suis retrouvé invité à dormir chez un passager qui habitait Angers. Comme quoi les problèmes de transport créent de la solidarité ! 

GV : Je n’ai pas précisément de mauvais souvenir mais disons que les trajets pendant lesquels il y a des altercations me stressent particulièrement !

Es-tu confiant dans un retour à la mobilité en 2021 ?

SC : Nous sommes encore en plein dans la crise et je ne perçois pas encore de retour à la normal avant un bon moment. La crise a créé une certaine inertie mais aussi des changements de pratique, de nouvelles routines. Le mix de déplacement a été chamboulé. Néanmoins, je reste confiant, nous reviendrons à un équilibre.

GV : La grosse difficulté pour nous réside dans le télétravail grandissant qui de fait, nous fait perdre de nombreux clients. De plus, un certain nombre de personnes a eu l’occasion de tester de nouvelles mobilités et les modes doux ont pris des parts de marché. L’arrivée de la voiture électrique représente également à mon sens une menace. Celles et ceux qui prenaient les transports par souci environnemental pourraient opter pour la voiture électrique en se disant d’une part, « je ne pollue plus » et d’autre part, le trafic routier a largement diminué et les bouchons avec ». Vous l’aurez compris, je ne suis pas spécialement optimiste sur le fait que nous puissions regagner des PDM perdues.

Comment abordez-vous le sujet du Maas au sein de ta métropole ?

SC : C’est bien évidemment un sujet d’actualités. Nous avons d’ailleurs créé le Pass’Mobilités qui va bien au-delà de Grenoble. Sa vocation est de créer du lien entre le citoyen et les mobilités et notamment de convaincre les automobilistes de « lâcher un peu leur voiture » en leur offrant « un couteau suisse » en matière de mobilité : vélo, transports, autopartage.

Nous avons également créé depuis septembre 2020, le service M’Covoit’Lignes. Il s’agit de proposer un service de covoiturage ultra performant sur l’aire grenobloise. Toutes les 5 minutes, vous pouvez ainsi trouver des voitures pour covoiturer aux différentes entrées de l’autoroute. Et si par malheur, il n’y en avait pas, Une garantie départ est activé dès 15 minutes. Cerise sur le gâteau, l’accès à la voie covoiturage mise en service sur A48 par APRR/AREA.

GV : Nous continuons de développer les services pour nos usagers afin que prendre les transports publics soit plus en plus facile pour eux. Ce n’est pas simple car 9 gammes tarifaires cohabitent sur notre territoire mais nous y travaillons. Nous avons d’ailleurs créé depuis 1 an le Pass Azur qui est un abonnement permettant d’accéder à l’ensemble de notre réseau.

Quid de la place de l’humain alors que les services numériques sont en pleine expansion ?  

SC : Il a toute sa place car nous devons penser à celles et ceux qui ne sont pas à l’aise avec le numérique même s’ils ne représentent pas la majorité. C’est aussi cela le service public ! Et puis même lorsqu’on maîtrise le numérique, rien ne vaut un contact humain pour donner confiance ou pour apaiser lorsque l’on rencontre une difficulté lors de nos trajets.

GV : Pour moi, les deux doivent cohabiter. L’aspect » conseil à la mobilité » est très important. Le digital a ses limites et rien ne peut remplacer l’Homme lorsqu’il s’agit de donner des informations qualitatives. Néanmoins, il faut aussi admettre que si le conseil à la mobilité est relativement facile sur une ville, c’est beaucoup plus difficile à l’échelle d’une région.

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